Traces impressionnistes : Comment les Pratiques Narratives proposent d’accompagner les deuils

Chloe Renault
3 min readMar 29, 2023

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Rentrée de Septembre au Forum 104.

Plaisir de retrouver la Fabrique Narrative et Catherine Mengelle pour explorer ce que cette approche au regard singulier propose à nos tristesses, nos absences, nos “au revoir et à bientôt” et autres moments inconfortables de chrysalide et de transitions….

Traces de ces deux jours de conversations en mode impressionniste dont le titre serait “Dire au revoir ou bonjour à nouveau”

Au premier jour: déconstruire ce qui entrave, explorer le discours dominant

Expliciter notre tabou de société autour de la mort : notre envie de l’invisibiliser, notre difficulté à en parler. Heureusement que les mères de Babar et Bambi sont mortes pour tous nous recentrer : oui, nous sommes mortels, profondément mortels !

Déconstruire les injonctions modernes autour du deuil

C’est quoi « faire son deuil » ? Faire son miel ou son beurre, je vois assez, mais « faire son deuil »? Comme une résignation à la perte, comme une pratique du détachement, comme une « confrontation au réel ».

Le réel ? Mais le réel de qui ? Et pourquoi se résigner ? Et pourquoi passer à autre chose ? Pourquoi “revenir à la normale” — et la normale de “qui” ? et pourquoi faire?

Méfions nous des discours normalisateurs comme autant de menaces enfermantes ; injonctions, normalisations, prescriptions, recommandations ; le performatif juste au coin de la porte !

En route pour « réussir à faire son deuil »

Suivez les étapes et hop ! On passe à autre chose. Un petit coup de courbe du deuil (comme un tour de manège imposé) et hop ! La vie reprend ses droits. Pleurer ? Assez ou pas ? Longtemps ou pas assez longtemps ?

Comme si il y avaient des réactions normales ou anormales

Comme si les modélisations occidentales valaient vérité ; comme si nos chemins suivaient tous les mêmes cartes ; comme si le deuil devenait à son tour un exercice de développement personnel

Au deuxième journée : explorer une représentation alternative, le deuil comme un rite de passage et de reconfiguration

S’efforcer d’accueillir la variété et la richesse de ce qui se vit, en dehors des livres et des traités, à hauteur de femmes et d’hommes dans des explorations intimes et sensibles

Accueillir la variété des couleurs de nos deuils et explorer nos ressources spécifiques: nos ressources familiales ou communautaires, nos sagesses populaires, nos manifestations sensibles et poétiques

Penser le deuil comme une traversée. Un rite de passage qui appelle une profonde reconfiguration identitaire. Une réinvention des récits et un retissage des continuités rompues. Une invitation à aller explorer la multiplicité de ces traces et la continuité des récits, entre être et non être, avec et sans, invisible et présent, vivants et reliés à nos morts. Une invitation à faire de la place aux rosiers, rites, grigris comme autant de créations pour rester avec eux, différemment.

Et si finalement le deuil ne nous invitait pas à l’oubli de la personne aimée ? Et si, on s’efforçait plutôt, tel White, « de dire bonjour à nouveau » ? De renouer la relation. Parce que, si la mort est la fin de la vie, elle n’est pas la fin de la relation.

Toi, mon mort chéri, je ne veux pas t’oublier ; Et moi morte en sursis, je ne veux pas davantage être oubliée. Alors, si on essayait de ne pas faire de cette dernière histoire, cette histoire tragique de ta mort ou la mienne, notre histoire dominante — celle qui vient effacer toutes les autres ?

Au contrario, faire vivre nos histoires préférées, les garder vivantes et ainsi continuer à faire vivre notre histoire d’amour, une histoire qui elle, ne mourra peut-être pas ? Et si, et si il n’y avait pas de fin au deuil ?

Novembre 2022

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Chloe Renault

Un brin d'écriture pour ralentir, explorer et questionner mes apprentissages et pratiques professionnelles. Par touches, essais, et expérimentations !