Modalités à emprunter pour renforcer le récit d’un collectif protéiforme
Contexte
Lors du dernier temps collectif de Codesign-it qui rassemblait 30 membres en présentiel, nous avons cherché à faire progresser notre représentation commune de comment chacune et chacun “raconte le collectif”.
Nos intentions étaient multiples : créer un espace pour accueillir la multiplicité (et la richesse) de ces différents récits, explorer combien ces mises en mots résonnaient (ou non) pour chaque membre et, sans être normatif, parvenir à nommer les aspect collectivement inconfortables ou inadaptés — ainsi que ceux particulièrement justes !
Comment faire de cet exercice un moment de bonne humeur ? Comment être à la fois respectueux des préférences individuelles et exigeant dans notre capacité à nommer “ce qui parle” et “ce qui gratte” ?
Nous avons imaginé avec Gaele Lavoue le dispositif suivant qui s’est révélé très pertinent et aidant pour “épaissir le discours autour de notre NOUS” — de ce qui nous rassemble. Nous partageons ici ce dispositif et les consignes, avec une aimable invitation à ce que cela puisse servir à d’autres collectifs confrontés au même enjeu !
Processus
Étape 1 — Identifier en amont les multiples parties prenantes externes à explorer et créer des scenarios pour chaque interlocuteur.
Étape 2 — Constituer des équipes de volontaires invités à travailler en petit groupe autour de la consigne suivante. Chaque groupe travaille en parallèle sur un interlocuteur différent.
Étape 3 — Chaque groupe restitue successivement en plénière par une petite saynète. Chaque participant reçoit une consigne d’écoute individuelle (présentée ci-dessous) et constitue ainsi sa documentation individuelle des “verbatims” entendus dans les différentes saynètes.
Étape 4 — Ouvrir un espace de conversation en plénière sur les éléments qui ont résonné: quelles sont les phrases qui ont particulièrement plu ? Pourquoi ? Quelles sont celles qui ont dérangé ? Pourquoi ? Qu’est-ce que cela dit de nous ?
Bénéfices
Nous avons ri et nous sommes surpris des variétés de contextes et des mises en scènes ludiques, souvent un peu caricaturales, mais aussi très révélatrices — “ Quel grand écart de situations!”
Nous avons découvert des talents de comédiens par trop méconnus et quelques répliques qui sont devenus cultes.
Nous avons crée un socle informel vivant non normatif de phrases communes. Les nouveaux arrivés dans le collectif ont particulièrement apprécié l’exercice ;-)
Nous avons pu collectivement nommer des phrases “pas OK” sans incriminer personne et cherché collectivement à préciser ce qui se joue derrière cet inconfort
La restitution avec de multiples groupes (qui peut être fastidieuse et longue) est restée un moment “actif” grâce à la consigne d’écoute individuelle
A ajuster pour la suite
Certains participants ont exprimé une difficulté à écouter le fond et noter les verbatims entendus… un exercice sans doute pas adapté à tous.
Nous avions pré-attribué les interlocuteurs à des “porteurs” désignés d’office. Quid de laisser chacun aller simplement vers ce qui l’appelle ?
Nous avons choisi de proposer des interlocuteurs variés — parce que j’avais beaucoup de plaisir à écrire des contextes en fortes résonances avec des conversations que j’avais eu. Curieuse de savoir combien l’exercice fonctionne aussi avec des personnages “moins campés” ?
Avec le recul, nous n’avons sans doute pas consacré assez de temps à la conversation finale en plénière pour véritablement “métaboliser des apprentissages.” D’ailleurs, ce temps s’est déroulé en plénière mode amphi — et avec le recul, une configuration en cercle nous parait plus préférable !
A vous de jouer !
Ce petit article est écrit comme une invitation pour d’autres à se saisir de cette modalité, testée et approuvée dans notre contexte et dont nous serions curieuses de savoir comment elle s’adapte dans votre environnement ! Au plaisir de vous lire et de savoir comment vous l’ajusterez.
Annexes — l’intégralité des scenarios de conversations travaillées
Ci-dessous voici l’intégralité des Interlocuteurs explorés comme une source d’inspirations
Quelques personnages de confiance
Alizée est étudiante en dernière année de Grenoble Management School, c’est la filleule de Sarah. Elle a assisté à une intervention de Marine sur le métier de la facilitation et est très curieuse d’en savoir plus. Elle postule pour être stagiaire chez Codesign-it. Qu’est ce qu’une personne de la génération Z a besoin d’entendre ? En quoi ces métiers et le fait d’appartenir à un collectif peuvent apporter du sens à son quotidien ? Quelle anecdote pro voudriez-vous partager avec Alizée pour illustrer l’impact concret d’un projet ou d’une initiative que vous avez conduit ?
Delphine est nouvellement nommée comme DRH d’un groupe international. Dans une vie professionnelle précédente, elle a conduit des projets “en mode collaboratif” et est assez convaincue des vertus et bénéfices de ces démarches… Aujourd’hui, elle voudrait mieux expliciter les avantages de ces approches à ses interlocuteurs internes, plutôt sceptiques. Quel intérêt d’utiliser une approche en codesign pour conduire de la transfo plutôt que d’avoir recours à un traditionnel cabinet de conseil ? Autour d’un cappuccino, vous explorez ensemble cette question…
Hervé, que Chloé a rencontré dans ses interventions à HEC, a fondé il y a 20 ans un beau cabinet de conseil en changement. Il s’est spécialisé récemment sur les projets à forte composante tech. Comment lui expliquer la singularité du codesign ? En quoi n’est-ce pas “une autre forme de conseil” ou “juste un autre truc de coach” ? Que doit-il vraiment comprendre de ce que nous faisons pour ouvrir les portes à de belles collaborations ? Quels sont les principes qu’il doit comprendre pour bien travailler avec nous ? Et réciproquement ? Autour de quel dispositif hyper sexy vous chauffez-vous à 2h du mat’ après avoir beaucoup trop bu ?
Émilia est une nana hyper talentueuse. Smart, sharp, touche à tout. Elle connaît bien le monde de l’entreprise après y avoir passé 15 ans sur divers postes à l’international…. Elle est assez contente depuis 8 ans dans sa vie d’indépendante et navigue dans différents réseaux pros — parmi lesquels un réseau de la DITP où elle a croisé Brice. Elle n’a pas “vu la lumière” mais néanmoins dans sa manière de parler de Codesign -it, de ce qui s’y vit, de ce qui s’y fabrique… elle est tentée. Qu’est-ce que graviter autour d’un collectif comme Codesign-it peut lui apporter ? Quand et comment savoir si c’est le bon moment ? A quoi s’attendre ?
Jean-Philippe est le DG d’une BU d’un groupe international. Il a l’habitude de travailler avec des cabinets de conseils pour ses plans stratégiques… type MCKinsey et autres. Néanmoins, son beau-frère, qui travaille chez Bouygues, ne tarit pas d’éloges sur ce qu’il a vécu dans le plan stratégique mené par un certain Vlaminck. Il vous invite à déjeuner pour mieux comprendre de quoi il retourne. C’est quoi l’apport des démarches en codesign ? Dans quels cas faire ce choix ? Quels sont les aspects clés dont on doit être convaincus pour y aller ? Quels sont les risques ? Et pourquoi partir avec vous, Codesign-it ? (PS — et oui Philippe est en vacances, donc c’est vous qui allez au RDV).
Bruno est le Secrétaire Général d’une fédération d’associations qui développe des réseaux de circuits courts alimentaires. C’est aussi un camarade d’étude que vous retrouvez après 10 ans. Il a plusieurs problématiques passionnantes de mise en mouvement de son écosystème d’acteurs… mais il a peu de budget et surtout ne voit pas ce “qu’un cabinet qui travaille avec Servier, TotaEnergies et d’autres très gros groupes capitalistiques peut faire pour lui.” Vous entamez un échange passionnant sur notre métier, notre positionnement, ce que nous pouvons ou non faire pour des projets de ce type.